VATTHUPAMA


SUTRAS DU MAJJHIMA-NIKAYA

 

(Il s’agit de commentaires par Maître Roland Yuno Rech)

  

Chapitre 7: Vatthupama-sutta (La Parabole de l’Etoffe)

 

Ce sutra porte en particulier sur les quatre pratiques illimitées : la bienveillance, la compassion, la joie, l’équanimité.

Ce sutra a pour titre la parabole de l’étoffe car le Bouddha dit que si le tissu est sale, même si on le teint, il gardera une couleur souillée. «  Si l’esprit est impur, des conséquences malheureuses surgiront. Si l’esprit est pur, des résultats heureux peuvent être attendus. » Il s’agit du bonheur, mas surtout de l’état de libération.

Quelles sont les souillures ? Ce sont les bonnos en japonais (en sanscrit : klesa). Il s’agit d’éclairer nos illusions, pour cela les repérer est important. Ce sutra propose donc plusieurs catégories :

-          L’envie/l’avarice concernant les biens

-          La colère

-          La haine

-          L’hypocrisie

-          Le dénigrement

-          La jalousie

-          La tromperie

-          La ruse

-          L’obstination

-          La présomption

-          L’orgueil

-          La vanité

-          L’ivresse

-          L’inattention

 

En reconnaissant la souillure, le pratiquant la repousse. Il ne suffit pas comme certains le croient d’éclairer les bonnos, mais il faut bel et bien les repousser. Parfois on peut cependant se culpabiliser si on ne parvient pas à les repousser. Et il est dit aussi dans le zen : « Ne vous attachez pas à la Vérité, ne repoussez pas les illusions. » C’est valable en zazen naturellement, mais pas dans la vie courante. Cela dit, il est important de ne pas s’attacher à la pureté. Ne pas laisser les bonnos nous empoisonner, c’est les laisser passer.

Ce « laisser tomber » est le «Shinjin datsu raku » de Maître Nyojo, il doit être pratiqué sans cesse.  Cela se réfère au dialogue rapporté dans les chapitres 15-16 du  Hokyo Ji, entre Dogen et Nyojo. Il s’agit de se dépouiller de l’ensemble des obstacles et des attachements. Nyojo disait aussi qu’un véritable disciple de Bouddha ne doit négliger aucun de ses enseignements.

Traditionnellement on parle de l’éveillé comme de « hotoke », en japonais cela signifie littéralement « celui qui a dénoué les liens ». Au lieu de « repousser » on peut dire plus justement « laisser tomber ». Ces bonnos sont éliminés après qu’ils aient été reconnus. On établit une confiance inébranlable dans l’enseignement du Bouddha car on fait la même expérience que le Tathagata.

Compréhension, conduite et réalisation concourent à la libération. Il s’agit d’avoir foi dans les trois trésors. Le Dharma donne des résultats immédiats en invitant à comprendre, ce qui signifie se comprendre soi-même. Parce que la sangha est exemplaire, elle devient un champ de mérites, elle est donc digne de recevoir des dons. Le fuse devient une source de mérites pour le donateur.

Lorsque le bikkhu est libéré de ses souillures, il obtient la joie liée à la compréhension, qui est durable. Il y a création d’un cercle vertueux : cette joie elle-même renforce la compréhension. Joie, bonheur et compréhension sont liés dans l’Eveil. « Quand un pratiquant a une telle maîtrise et une telle sagesse, il peut manger de la nourriture sans grains noirs, les potages et les currys. » Sous-entendu : sans créer d’attachement ; le plaisir n’est donc pas défendu, c’est l’attachement excessif au plaisir qui est déconseillé.

« Le pratiquant demeure étendant une pensée de bienveillance (contribuer au bonheur), de compassion (soulager la souffrance), de joie (joie du bonheur des autres), d’équanimité (accueil des circonstances avec une humeur égale). Il y a les choses inférieures, les choses supérieures, et une issue au-delà de toute conception : c’est la libération. »

Pour résumer, on parle de trois poisons : l’avidité, la haine, l’ignorance. « Celui qui a pratiqué ainsi a baigné dans le bain intérieur. » C’est une référence aux brahmanes indiens qui croyaient que pour se purifier il suffisait de se baigner dans les fleuves sacrés.