LE KESA TRANSMIS


LA TRANSMISSION DU KESA

 

Dans le ‘kesa kudoku’, le chapitre du Shobogenzo de Maître Dogen consacré au kesa, il est écrit:

Lorsque le Thatagata Shakyamuni transmit à Mahakashyapa le trésor de l’œil de la Loi Authentique et l’éveil suprême, il les transmit en même temps que le kesa reçu de la transmission authentique du Bouddha Kasyapa. Reçu de successeur légitime en successeur légitime, le kesa atteignit le Maître Zen Daikan du mont Sokei, la trente-troisième génération. Le tissu, la couleur et les mesures du kesa ont été intimement transmis.

 

Le kesa n’est donc pas un ajout anecdotique à l’enseignement du Bouddha, il en est l’essence, tout autant que zazen. La manière de coudre le kesa est aussi importante que la manière de le revêtir, de le plier et de le déplier. Il existe aussi une manière exacte pour le laver. Lorsqu’on coud le kesa, il est important de se rappeler que c’est le symbole de notre nature véritable, aussi ne faut-il pas choisir de tissu voyant, séduisant pour les yeux.

Des couleurs naturelles sont mieux, comme de l’ocre qui est la couleur d’origine ayant donné son nom au kesa. Pour plus de simplicité, les kesas maintenant sont noirs. Ainsi la couleur devient non-couleur, et n’est plus un objet d’attachement pour les sens.

Le kesa n’est pas fait pour nous décorer. Lorsqu’on revêt le kesa, on se sent protégé ; d’une part parce que tout le corps est enveloppé, mais aussi parce que nous revenons à notre condition normale.  C’est très rassurant. Maître Deshimaru disait que pendant les sesshins avec Kodo Sawaki, il posait son kesa comme une couverture pour dormir, et que cela inspire une grande joie et un grand réconfort.

 

Traditionnellement un moine ou une nonne doivent coudre et recevoir trois kesas. Voici ce que dit Maître Dogen à ce sujet :

 

Le kesa est décrit comme incluant trois vêtements. Il y a le kesa à cinq bandes, le kesa à sept bandes et le large kesa à neuf bandes ou davantage.  Les pratiquants excellents ne reçoivent que ces trois vêtements, et ne conservent aucun autre kesa. Employer seulement ces trois kesas suffit parfaitement à notre corps. Lorsque nous nous livrons à nos occupations ou effectuons des travaux ménagers, et lorsque nous nous rendons aux toilettes ou en revenons, nous portons le kesa à cinq bandes. Pour accomplir notre pratique parmi la sangha, nous portons le kesa à sept bandes. Pour enseigner aux humains et aux dieux, et pour les convertir, nous devrions porter un kesa de neuf bandes ou plus.

Ou bien : lorsque nous sommes dans un endroit privé nous portons le kesa à cinq bandes, lorsque nous allons parmi la sangha nous portons le kesa à sept bandes, et lorsque nous nous rendons dans un palais royal ou dans les villes et les villages, nous devrions porter le kesa large. Ou bien encore : lorsqu’il fait beau et chaud nous portons le kesa à cinq bandes, lorsqu’il fait froid nous ajoutons le kesa à sept bandes, et lorsque le froid est sévère nous ajoutons le kesa large.

Dans les temps anciens, par une nuit du milieu de l’hiver, le froid était si vif qu’il fendait les bambous. Quand cette nuit tomba, le Thatagata revêtit le kesa à cinq bandes. Plus tard le froid se durcit, alors il revêtit aussi le kesa à sept bandes. Plus tard encore dans la nuit, quand le froid atteignit son sommet, il revêtit également le kesa large. A ce moment le Bouddha pensa : « Dans les temps à venir, lorsque le froid sera au-delà du supportable, avec ces trois robes les dignes fils pourront couvrir leur corps convenablement. »