ANAPANASATI


SUTRAS DU MAJJHIMA-NIKAYA

 

(Il s’agit de commentaires par Maître Roland Yuno Rech)

Chapitre 118 : ANAPANASATI, l’Attention à la respiration.

 

Il s’agit d’éviter les pièges sur la Voie par l’étude des enseignements du Bouddha.   L’attention à la respiration permet d’accomplir les quatre bases : le corps, les sensations, l’état d’esprit et les pensées. Ainsi ces bases permettent d’accomplir les quatre nobles vérités et les sept facteurs d’Eveil. Il y a ces catégories bien précises car dans l’enseignement graduel du petit Véhicule ou du Theravada, on utilise beaucoup l’esprit de discrimination.

Notons que l’enseignement du Bouddha sur la respiration est distinct de celui de Maître Deshimaru qui insistait beaucoup sur  l’intention de mettre toute l’énergie dans le bas-ventre, mais à la fin cela revient au même.

Les sept facteurs d’Eveil  sont des pratiques concernant la libération, l’élimination des obstacles à l’Eveil. Naturellement ce n’est pas tellement l’enseignement du zen Soto, pour lequel s’éveiller à la réalité est en fait s’éveiller à notre vraie nature qui est présente partout, y compris dans les obstacles eux-mêmes. Il ne faut pas que notre pratique soit un combat.  L’attitude de saisie et de rejet est l’obstacle majeur de notre pratique. L’Eveil en est le sens, mais on dit souvent qu’il ne faut pas avoir le but d’atteindre l’Eveil.

Voici les sept facteurs d’Eveil, d’après maître Dogen dans « Les 37 voies d’Eveil » :

-          L’investigation du Dharma. Il faut développer notre propre discernement. Nous devons  comprendre le mot Dharma dans deux de ses sens : d’une part la réalité, et  d’autre part l’enseignement de la réalité. Nous ne devons pas devenir des « croyants », toutes les vérités enseignées doivent être vérifiées. L’impermanence et l’interdépendance sont les enseignements les plus courants et forment deux des quatre sceaux du Dharma (ainsi que la vacuité et le nirvana). Toutes les sciences modernes certifient ces aspects de la réalité. Malgré tout, l’ego résiste à l’évidence du Dharma. Par exemple nous comprenons l’impermanence, et pourtant nous souffrons d’être attachés. L’enjeu est la libération de la souffrance et la réalisation du nirvana en tant que paix et harmonie intérieures, et non cessation de tous les phénomènes.

-          La diligence dans la pratique. Comme nous le rappelle Maître Dogen, nous ne devons pas perdre de temps. Cela signifie aussi actualiser gyoji, ne pas séparer zazen des phénomènes de notre vie quotidienne. Il faut pratiquer en luttant contre l’inertie de notre ego. Il y a une notion d’effort à accomplir bien sûr ; l’effort peut être très important au début, mais par la suite la pratique prend le relais de notre effort personnel. Il y a un seuil à franchir pour que la pratique devienne naturelle.

-          La joie spirituelle. Elle intervient en particulier comme le fruit de mushotoku. La pratique libérée devient comme une sorte de jeu que l’on joue avec un esprit libre et détendu. On éprouve du soulagement et de la gratitude. Le samu est très différent du travail dans la vie. Il est notre contribution aux trois trésors. Il est dit par exemple au sujet du tenzo que nourrir la sangha procure de la joie.

-          La paix spirituelle. On peut la réaliser en zazen quand on arrête tout combat. On laisse les illusions émerger, et on les laisse passer. Parfois les débutants sont déçus d’avoir des pensées, ils se sentent coupables ou imparfaits. Mais il ne faut pas chercher à éliminer les pensées. La paix se réalise avec un esprit vaste, qui accueille tout sans discrimination.

-          L’équanimité. On réalise un esprit d’humeur égale, qui accueille tout sans attachement ni regret. Il est dit dans le Shin Jin Mei : « Ni avidité ni haine, ni choix ni rejet. » Il ne faut pas confondre avec l’indifférence à ce qui arrive aux autres. Ne pas réagir ne signifie pas ne pas ressentir. L’équanimité signifie aussi traiter les autres comme soi-même, et soi-même comme les autres.

-          La concentration. Déjà abordée précédemment.

-          L’attention. Idem.