UNE JOURNEE ORDINAIRE


NAVIGATION

  1. UN AVEC LA VOIEComment les moines et nonnes s’harmonisent avec l’unité
  2. ZEN ET VIE QUOTIDIENNEPratiquer le zen dans le monde moderne
  3. REGLES DE DOGENLe corpus des règles du temple d’Eihei-Ji
  4. -> UNE JOURNEE ORDINAIREEtablir la pratique dans le quotidien

CONCLUSION DU SEMINAIRE

L’esprit du séminaire était d’apporter une source d’inspiration pour créer une manière juste pour vivre une vie de moine ou de nonne zen ici et maintenant, qui s’harmonise avec et par l’esprit de zazen.

Il ne s’agit pas de transplanter directement et aveuglément des règles et des manières issues du Japon du Moyen-Age, mais de connaître les sources de la tradition zen assez profondément pour les adapter.

Etre moine ou nonne aujourd’hui signifie: Comment pratiquer la Voie du Bouddha dans la vie quotidienne? En étant un avec la Voie. Pour cela, il semble que la moindre des choses, c’est de pratiquer zazen tous les jours. Si on s’inspire de la journée d’un temple, alors on se lève et on commence par zazen, ce qui donne la vibration de la journée.

Justement le plus simple peut-être pour servir de guide est de suivre le déroulement d’une journée ordinaire.

LA JOURNEE DE PRATIQUE

Bodaishin kore do, heijo shin kore do.

L’esprit d’éveil n’est autre que l’esprit quotidien. Comment donc nourrir notre pratique d’éveil dans notre journée quotidienne?

Comme on l’a vu, on commence par zazen, même quelques dizaines de minutes, ce qui est possible et en accord avec notre travail. Après zazen, on peut chanter le sutra du kesa, ou les quatre voeux du bodhisattva en français si l’on souhaite, et revêtir par exemple le rakusu. Puis terminer notre séance de méditation par sampai. On ne précise pas si on va se laver avant ou après, c’est à chacun(e) de voir ce qui lui convient.

Ensuite vient le moment du petit-déjeuner: on peut chanter un abrégé du sutra des repas. L’important est de considérer la nourriture comme un don du cosmos, et donc d’éprouver de la reconnaissance pour tous ceux qui y ont contribué. La pratique traditionnelle consiste à réfléchir pour vérifier si notre vertu et notre pratique le méritent.

On peut ainsi contrôler notre avidité physique, mais aussi intellectuelle, et revenir à la condition normale. C’est le respect de la différence entre besoin et désir. Il s’agit aussi de garder la santé de notre corps, de ne pas se mortifier.

Dans ce monde impermanent, puissions-nous vivre comme une fleur de lotus dans un étang boueux.

A la fin, l’esprit religieux est seulement de s’incliner en gasshô. Le sens de notre pratique est de développer Bodaishin, l’esprit saint, l’esprit d’éveil: devenir des éveillés, des saints non seulement en zazen, mais aussi dans toute notre vie.

A travers toute notre pratique nous exprimons la non-dualité, ce qui donne du sens à notre vie. Particulièrement pour les jeunes, nous pouvons être un moteur d’espoir car notre civilisation nous intoxique à travers notre mental, notre cerveau gauche prédominant.

CONCLUSION

Le plus fondamental est d’être dans son corps, d’être présent dans son corps et sa respiration, à travers toutes les petites actions de notre vie quotidienne. Ce que nous rejetons en général comme des corvées doit au contraire être vu comme une occasion de pratiquer avec le corps. Les tâches manuelles, se dispenser de voiture quand on le peut, marcher, tout cela est l’occasion de revenir à la conscience du souffle. On atténue ainsi la dispersion des informations qui nous met dans un état d’agitation permanent.

La plupart du temps nous faisons une chose pour un résultat, et nous trouvons quasiment absurde de faire une chose pour elle-même. Etre moine consiste à faire les choses pour elles-mêmes, et cela s’applique particulièrement au travail.

Même si on n’a pas forcément choisi toutes les tâches que l’on réalise dans sa vie professionnelle, on peut les réaliser du mieux possible sans arrière-pensée, en rendant aux autres le meilleur service possible.

Même dans une entreprise concentrée sur les profits financiers, il est possible d‘influencer notre entourage en agissant de la sorte. Tous les gestes du quotidien deviennent aussi conscience de l’interdépendance et donc reflètent une écologie globale. La qualité de notre comportement avec les autres est aussi l’occasion de pratiquer les six paramitas. Le moine les fait passer avant toute chose.

Sortir du nihilisme et du sentiment d’inutilité ou d’absurdité de la vie sociale nécessite l’introduction des valeurs du zen; les préceptes et les paramitas: le don, la sagesse, la patience, l’énergie, la concentration, l’équanimité.

D’autre part, souvent ce qui crée la souffrance mentale n’est pas le problème en lui-même mais l’opinion qu’on a sur le problème. Nous devons donc promouvoir des valeurs positives. C’est aussi pour cela qu’il y a des sutras pour le lavage et la salle de bains: pour que ces situations banales deviennent des occasions positives de s’éveiller complètement. La concentration doit toujours être ouverte et sans intention. Il est nécessaire d’équilibrer concentration et observation, et de bien réfléchir aux conséquences de nos actes.

A nous de montrer à autrui comment il peut s’aider lui-même. Dans la Voie du zen, on ne fait pas les choses par devoir mais en unité pour le vivre pleinement et accomplir une action nous satisfait.

Il est décidé qu’il y aura à chaque sesshin un atelier zen et vie quotidienne élargi à toute la sangha, car finalement la problématique d’harmoniser vie quotidienne et pratique de la Voie concerne tous les pratiquants, et non seulement les moines et les nonnes.