SUTRAS DU MAJJHIMA-NIKAYA
(Il s’agit de commentaires par Maître Roland Rech)
Chapitre 2: Sabbasava-sutta
Dans le second sutra du Majjhima-Nikaya, ‘A propos de Tous les obstacles ‘, on trouve un classement des différents obstacles considérés comme des maladies de l’esprit, chacune ayant sa médication. En voici la liste :
- Les obstacles vaincus par le discernement : il s’agit des pensées qui accroissent l’ignorance, stimulent le désir de persister dans notre existence illusoire ou dans des pensées vaines. Par exemple une question métaphysique inepte comme : « Qu’est-ce que je deviendrai après la mort ? ». Il existe 3 liens fondamentaux qui se détachent alors de nous lorsque nous exerçons notre discernement et notre réflexion :
- l’illusion du moi
- le doute qui nous empêche de pratiquer
- la croyance en l’efficacité des rituels et des cérémonies (particulièrement répandue à l’époque du Bouddha avec le brahmanisme)
- Les obstacles vaincus par le self-control : il s’agit de ce qui nous pousse à vouloir s’approprier les perceptions sensorielles, en faire un objet d’attachement. La médication proposée est le self-control. Il s’agit de ne pas se laisser emporter par la sensation de plaisir procurée. Par exemple dans l’attachement sensuel la volonté de posséder autrui peut devenir une cause de souffrance.
- Les obstacles vaincus par un usage approprié : Par exemple normalement les vêtements ne relèvent pas de la coquetterie. Après son Eveil, toute sa vie le Bouddha n’a porté que des kesas. Il ne s’agit pas alors de choisir de très beaux tissus pour faire son kesa, et de transporter son attachement. Le kesa doit trancher notre attachement à l’apparence. De même la nourriture doit servir à protéger notre santé ; elle peut nous procurer du plaisir, mais il ne faut pas trop s’y attacher. Il en va ainsi pour notre habitation qui ne doit pas être trop luxueuse ; l’usage en est prioritairement de nous protéger du froid et des intempéries. Les remèdes aussi (médicaments) peuvent devenir un objet d’attachement.
- Les obstacles vaincus par l’évitement : Comme le Bouddha, Maître Deshimaru répétait souvent que le sage ne s’approche pas du danger. Le Bouddha donne l’exemple des animaux furieux et dangereux ; il recommande de se tenir à l’écart des épines, des précipices, des sièges incorrects. Il faut éviter de s’associer avec de mauvais amis, en particulier des ennemis de la Voie. Dans notre vie, nous devons par exemple éviter d’avoir des amis qui nous entraînent sur une voie criminelle, mais aussi un partenaire trop matérialiste qui critique sans cesse notre aspiration spirituelle. Nous ne devons pas chercher à fuir tout contact avec de telles personnes, mais éviter d’être soumis constamment à de mauvaises influences.
- Les obstacles vaincus en les écartant de l’esprit : Il s’agit des mauvaises pensées, que nous devons rejeter de notre esprit dès qu’elles apparaissent ; la haine, la vengeance, la malveillance…
- Les obstacles vaincus par le développement spirituel : Ces obstacles et leurs remèdes ont été développés au sujet du chapitre anapanasati.
Toutes ces recommandations ont une vocation très pragmatique. Dans le Shodoka il est dit : « C’est la marque du Bouddha de couper les racines directement. » Bien sûr, la sagesse Hannya qui apparaît en zazen est essentielle, mais la sagesse concrète de la vie quotidienne est importante aussi.