DEBUTER ZAZEN

Maître Deshimaru en zazen.

SE PLACER

Pour prendre la posture de la méditation assise, le zazen, il convient avant tout d’étirer la colonne vertébrale vers le ciel.

L’essence de la méditation zen consiste à observer son corps et sa respiration, il est donc possible de pratiquer cette attention même allongé; cependant c’est en tendant vers une assise en lotus complet qu’on pourra le mieux approfondir la qualité de notre présence à la réalité de chaque instant.

Pour cela on s’asseoit sur un coussin appelé zafu, et selon son degré de souplesse on peut croiser les jambes en tailleur, en quart de lotus (une jambe sur l’autre mollet), en demi-lotus
(une jambe sur l’autre cuisse), ou encore en lotus (chaque pied posé sur la cuisse opposée).

On veillera à ce que les deux genoux reposent au sol, et puissent s’y appuyer fermement.

Détails de la posture de zazen

SE REDRESSER

Le bassin se positionne à partir de la cinquième vertèbre lombaire, qui constitue le socle de la
colonne vertébrale. Une légère cambrure de la largeur d’une main redessine l’arc naturel de l’épine
dorsale.

Au niveau des vertèbres cervicales, en prolongement de la colonne, on étire la nuque et on rentre légèrement le menton.

On pousse le ciel avec le sommet du crâne, au niveau de la fontanelle, si bien que le corps retrouve
sa verticalité naturelle entre ciel et terre.

Hokkai join

LES MAINS

Les mains reposent dans le giron, les poignets contre les aines, les paumes vers le ciel et les pouces
en léger contact, à l’horizontale dans tous les axes. Les auriculaires sont en contact avec le ventre et
les bras ainsi que les épaules doivent rester relâchés.

La langue prend sa place contre le palais, derrière les incisives. Le regard est posé devant soi et ne regarde rien, mais voit tout.

‘ki’, énergie

COMMENT?

On respire par le nez, le plus silencieusement possible. Les personnes enrhumées sont invitées à quitter le dojo pour ne pas déranger les autres. Il s’agit d’expirer le plus doucement, complètement possible.
Cette respiration s’établit et s’approfondit pendant zazen. La posture et la respiration sont
fortement interdépendantes.

En effet, une posture bien équilibrée permet d’expirer calmement. Et par ailleurs se
concentrer sur l’expiration, en pressant parfois doucement sur les intestins, permet d’apaiser les
tensions physiques et mentales qui résultent de notre vie quotidienne.

‘do’, la Voie.

POURQUOI?

Finalement, lorsque la respiration et la posture sont bien harmonisées, il faut laisser zazen se faire de lui-même. L’activité du cosmos se réalise naturellement à travers notre corps et il n’y a plus aucun
effort volontaire à fournir. Cela devient possible lorsque la posture est bien établie, et qu’on a franchi les premiers obstacles liés à la distraction mentale et à l’inconfort.

Le Mont Fuji, Hokusai

Les nuages passent, la montagne demeure.

AU-DELA

Pendant que l’on est en zazen, contrairement à une idée toute faite, on ne cherche pas à faire le vide: on s’efforce simplement de ne pas suivre les pensées ni les fuir: on les accepte telles qu’elles se présentent, on les observe mais on ne les nourrit pas. Ainsi elles vont et viennent naturellement.

On établit alors une conscience paisible, notre esprit profond s’éveille et on n’est dérangé par rien. Cette condition normale et fluide de l’esprit est appelé en japonais BENDOWA. Il est seulement capital, dès lors que l’on s’accroche à nouveau au flux de nos pensées, de revenir constamment à l’attention au corps et à la respiration.

‘mu’, rien

NE PAS CHOISIR

Toutes les conditions d’esprit conviennent à zazen. Il n’est pas nécessaire d’attendre d’être dans de
bonnes dispositions. Une maxime zen dit « la bouche du moine est comme un four« . Autrement dit dans notre pratique on stoppe l’esprit qui discrimine selon ses préférences et ses aversions.

Pénétrer la Voie n’est pas difficile, mais il ne faut ni amour ni haine, ni choix ni rejet.

Maître Sosan, Shin Jin Mei.